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Le caméléon -Extrait

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Je me réveille en sursaut. Une quinte de toux me parvient aux oreilles. Je jette un œil vers le chevet. Presque six heures et demie. Alex est levée. J’enfile le caleçon gris qui git au pied de mon lit. La décence voudrait que je m’habille davantage, mais il règne une température très confortable dans cet appartement. Et depuis quelques heures, ma chère colocataire n’ignore plus grand-chose de mon anatomie. Rien que pour la voir lutter contre l’envie de me reluquer, je décide de gagner la cuisine dans cette tenue légère. Quand j’arrive, elle est assise à la table et s’apprête à croquer dans un toast à la confiture. Curieusement, elle reste bouche bée lorsque je lui adresse mon bonjour. Elle déglutit bruyamment avant de me répondre d’une voix étranglée. Je suppose qu’il faut mettre le son étrange qui sort de sa bouche sur le compte du rhume.

— Ça n’a pas l’air d’aller mieux.

— Non… pas terrible, admet-elle.

Je lui tourne ostensiblement le dos pour m’occuper de presser les oranges que j’ai achetées hier. Je remplis deux verres et je pose celui que je lui destine juste sous son nez.

— Celui-là est garanti en vitamines C. C’est bon pour ce que tu as. Tu devrais trouver une sensible différence avec le truc infâme que tu t’infliges d’ordinaire.

Sans doute se sent-elle trop malade pour répliquer. Elle vide le verre d’un trait et le repose avec des gestes mesurés tandis que je m’installe en face d’elle pour boire mon café. C’est drôle, son regard m’évite pour observer les ingrédients que j’ai tirés du réfrigérateur et qui composent mon petit-déjeuner.

— Café noir, pain complet, fromage de chèvre frais, le moins qu’on puisse dire, c’est que tu as des goûts bien affirmés, commente-t-elle après inspection.

— C’est exact.

Je la fixe ardemment jusqu’à ce qu’elle rougisse de nouveau.

— Quelque chose te dérange ? attaqué-je, faussement innocent.

Elle ose enfin m’affronter. J’aime l’étincelle de défi qui brille dans ses yeux clairs. Elle me rassure sur la capacité de la demoiselle à se rebiffer.

— Ça t’ennuierait beaucoup de t’habiller plus correctement pour sortir de ta chambre ?

Des accents d’agacement s’ajoutent à la raucité maladive de sa voix. Voilà qui devient intéressant.

— Je ne te savais pas si pudibonde.

— Ce n’est pas une question de pudibonderie, mais de politesse, me rétorque-t-elle. Je ne suis pas sûre que tu apprécierais beaucoup de me voir à moitié nue à table.

Quelle perche magnifique elle vient de me tendre !

Elle s’en rend compte également, car elle recommence à se mordre la lèvre inférieure d’un air un peu inquiet. Ce serait dommage de la décevoir. Je me penche vers elle en m’accoudant sur la table pour lui faire part de mes convictions très masculines.

— Alex, je ne suis pas autrement fait que la plupart des hommes. Alors, sincèrement, je crois que si, j’apprécierais.

— Ben voyons ! marmonne-t-elle en reculant instinctivement contre le dossier de sa chaise.

— Je m’en voudrais de te priver d’un confort légitime. Tu es ici chez toi, m’amusé-je à lui rappeler sur le même registre provocateur.

— Tu peux toujours rêver !

Sur ce, elle débarrasse ses couverts et son pot de confiture industrielle à la fraise, me signifiant ainsi que la discussion est close. Enfin, pour ce qui la concerne.

— C’est l’un des rares points que nous n’avons pas abordés avant de signer le contrat de location, lui fais-je remarquer.

— Oui, c’est vrai. J’ai omis ce détail, mais je ne me sentais pas autorisée à rentrer autant dans ton intimité.

Je me lève à mon tour, et je campe vers la porte, l’empêchant de se sauver de la cuisine, sauf à me passer sur le corps.

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— Puisque le cap est franchi et que tu connais désormais mes habitudes, vois-tu vraiment un inconvénient à ce que je paraisse en caleçon dans l’appartement ?

Elle n’est qu’à quelques centimètres de moi, il lui suffirait de tendre la main pour me toucher. Rien que d’y penser, je redoute que mon désir pour elle me trahisse, et je m’impatiente qu’elle réponde. Par chance, elle hausse les épaules d’un air faussement indifférent.

— Fais comme bon te semble. Après tout, le plaisir est pour moi.

  Le Caméléon – Angela Behelle – éditions Pygmalion

 
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Publié par le 9 septembre 2016 dans Le Caméléon

 

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La Société T8 – En attendant décembre

Bonjour chers tous,

Vous êtes nombreux à me faire partager votre impatience de dévorer le prochain tome de la Société, nombreux aussi à me demander quel en sera le thème.

Eh oui, il y a de grands curieux parmi vous !

Je suis gentille, je vous donne un indice :

 affiche t8Photo issue de Pinterest: Film « Titanic » de James Cameron. 1997

Sur ce, je vous embrasse, tendrement comme toujours

Angela

 
3 Commentaires

Publié par le 19 août 2014 dans Le premier pas

 

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